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Césarienne en Tunisie : Une solution facile, mais à quel prix ?

En Tunisie, une femme sur deux accouche aujourd’hui par césarienne. Un chiffre alarmant, bien au-delà des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui fixe le seuil de recours à cette procédure à 15%. En 1992, ce taux ne dépassait pas 11%. Comment en est-on arrivé à un tel niveau ? Par confort, disent certaines. Par peur, répondent les autres. Mais au fond, que sait-on réellement de la césarienne et de l’accouchement naturel ?

La césarienne de confort : un choix pas si confortable

"Certaines femmes optent pour la césarienne parce qu’elles la perçoivent comme une solution plus facile. Mais est-ce vraiment le cas ?" , s’interroge Dr Sirine Ben Saïdane, assistante en gynécologie, dans une déclaration à Mosaïque FM. Contrairement aux idées reçues, la césarienne est une opération chirurgicale lourde, avec des suites souvent plus douloureuses qu’un accouchement par voie basse.

Les douleurs post-opératoires, le long temps de récupération et les risques liés à l’anesthésie générale, toujours pratiquée dans certains cas malgré la généralisation de la rachianesthésie, rendent ce choix bien moins anodin qu’il n’y paraît.

À l’international, certains pays prennent des mesures fermes pour freiner la banalisation de cette pratique. En Turquie, par exemple, la césarienne sans raison médicale est désormais interdite, afin de protéger les femmes et d’encourager le retour à l’accouchement naturel.

Idées reçues : Quand la peur accouche des mythes

Douleurs, cicatrices, complications… Nombreuses sont les femmes qui redoutent l’accouchement par voie basse. Mais selon Dr Ben Saïdane, "ce sont souvent des idées reçues qui poussent à préférer l’opération". La péridurale, souvent mal comprise, permet aujourd’hui de soulager, voire d’éliminer complètement la douleur pendant l’accouchement. Elle offre aux femmes la possibilité de vivre un accouchement naturel, sans souffrance.

Autre frein : le manque de préparation. Il est vrai que toutes les femmes n’ont pas accès à des cours spécialisés, souvent payants. Mais l’information circule : internet, consultations prénatales, échanges avec les professionnels de santé… autant de ressources qui peuvent aider à se préparer sereinement à l’accouchement.

Vers un retour au naturel, en toute confiance

Accoucher n’est pas une épreuve à fuir, mais une expérience à accompagner. Opter pour la voie basse, lorsque cela est possible médicalement, c’est faire un choix éclairé pour sa santé et celle de son bébé. Il est temps de briser les peurs, de rétablir la vérité sur la péridurale et de redonner aux femmes la confiance nécessaire pour accoucher naturellement.

La Tunisie ne peut continuer à banaliser une intervention chirurgicale lourde au nom du confort. Il est urgent de revoir nos pratiques, d’écouter les professionnels, et surtout, de remettre la femme au centre de son accouchement — informée, soutenue et libre de choisir en toute connaissance de cause.

Dorsaf Lâameri

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